Les aventures
de Mariavah
textes et photos d'Anne-Marie Guilloux
(vous pouvez lui envoyer des messages à cette adresse)
Anne-Marie Guilloux et son Sangria Mariavah ont largué les amarres le 10 juin, an de grâce 2007, dans le but de réaliser le tour de l'Irlande. Partie de Tréguier, son port d'attache, Anne-Marie nous enverra, dans la mesure de ses possibilités, des nouvelles régulières. Pour vous faire partager son aventure, j'ai ouvert cette nouvelle rubrique intitulée tout naturellement "Mariavah en Irlande". J'ai également inclu une petite carte pour mieux se situer. Bonne lecture. Pascal. |
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courriel du vendredi 15 juin 2007 - 22 h 44 Pour ceux qui ne seraient pas au courant, je suis partie pour 10 semaines en Irlande avec mon petit bateau (Sangria classique de 1974). Partis de Tréguier dimanche dernier (10 juin), nous avons fait une traversée Primel-Falmouth, dans du petit temps, marquée par quelques rencontres animales : dauphins (vus de loin), un gros cétacé d'au moins 5 mètres et une invasion de mouches... et bien sûr toute une collection de navires de commerce. Mercredi, vers 11 h, nous avons quitte Falmouth et sommes arrivés ce matin a Waterford sous la pluie. A bientot pour d'autres informations et quelques photos. Anne-Marie. |
Journal d'Irlande - 1ère partie
courriel du jeudi 21 juin 2007 - 18 h 35 - objet : 1ère étape en Irlande
Bonjour a tous, de Tréguier à Crosshaven (Cork) : 478 milles Dimanche 10 juin : de Tréguier à Primel - 50 milles. Après avoir fait les courses et préparé le bateau le samedi, c’est enfin le départ… C’en est presque reposant car nous n’avons pas chômé la veille. Le bateau est bien chargé et flotte un peu en dessous de sa ligne de flottaison habituelle. L’avenir dira ce qui a été embarqué en trop, ce qui ne marche pas et ce qu’il a été judicieux, voire génial, d’embarquer… D’ailleurs au bout de 10 jours, on commence à en avoir une petite idée ! Samedi Florent a installé l’autoradio tout neuf, mais nous avons sérieusement buté sur la fixation des enceintes, proprement incompréhensible… Il a fallu aussi aller chercher de l’essence à pied à 22h30 car la station service en face du port a enlevé (sans prévenir) sa borne pour payer par carte 24h sur 24. Fatiguant … Enfin nous voilà partis… Nous hissons les voiles dans la rivière, à la Roche Jaune. La visibilité en mer est assez médiocre, nous verrons plutôt la forme de l’Ile Rouzic que l’île elle-même. Nous passons au large des Sept Iles emportés rapidement par le courant. Au vu de l’orage qui nous vient dessus, il faut affaler le spi. Nous échappons à l’orage qui gronde sur la côte mais pas à la pluie qui efface le paysage et fait tourner le vent, nous sommes maintenant au près. Aucune rafale, juste un petit vent ténu. Il faudra mettre le moteur pour arriver jusqu’à Primel, la bouée juste à côté d’Elsewhere. Il devrait rester 50 cm sous la quille ce soir. Lundi 11 et mardi 12 juin : de Primel à Falmouth - 125 milles. La météo annonçant un vent de secteur Sud pendant quelques jours avant une bascule au Nord-Ouest nous décidons de traverser vers la Cornouaille britannique. Il a fallu déplacer le bateau de bonne heure afin de ne pas échouer le coefficient de marée augmentant, puis attendre que la brume se lève car on ne distingue même pas la sortie du port. Vers 10 h, c’est OK et nous partons directement sous grand voile et inter. Vers 11 h, près de la balise de la Méloine, la brume s’est épaissie et nous entendons un bateau, probablement un pêcheur, s’approcher de plus en plus, voire trop près. Quelques bons coups de corne répétés et le bruit du moteur diesel diminue. Merci la minuscule corne Plastimo qui produit un nombre de décibels considérable, j’en ai encore mal aux tympans… Mercredi 13, jeudi 14 et vendredi 15 juin : de Falmouth à Waterford - 231 milles. Difficile de savoir précisément où on peut aller avec des prévisions météo un peu fantaisistes et un vent qui virevolte. Nous quittons Falmouth vers 11 h, après une bonne grosse nuit réparatrice, et avec les prévisions suivantes : SSE 3, virant SSW 3 puis 5 puis 4 et un bon petit vent mais les choses se gâtent en approchant du Cap Lizard : Il faut tirer des bords, puis en croisant les casiers de pêcheur qui filent dans le même sens que nous mais beaucoup plus vite, il faut se rendre à l’évidence : nous reculons. Sans vent, il faut lancer le moteur. Le ciel commence à prendre une allure complètement brouillée, fort déplaisante. A 20 h, France Inter annonce pour demain matin un vent d’Est force 5 à 7. A cette heure-ci, le port de Penzance est fermé et les bouées d’attente exposées plein Sud et plein Est, inutile de chercher un refuge là-bas, il faut aller de l’avant. Le vent s’avèrera nettement moins fort que prévu, mais nous ne serons pas épargnés par la pluie qui nous arrose une bonne partie de la traversée. Pour passer Land’s End, nous remettons le moteur, inutile de trainer dans les parages, alors que le courant est pour l’instant favorable. Le phare de Longship s’éloigne peu à peu et nous apercevons le rail des cargos qui montent vers le Nord. Nous le traversons, bien en diagonale en milieu de nuit. Sous 2 ris et solent, le bateau fait des pointes à 7 voire 8 noeuds au largue. Waterford A 14 h 10, le lendemain jeudi, nous nous frayons un passage entre trois bateaux de pêche qui chalutent, et le soleil nous réchauffe. La mer est nettement moins encombrée que la Manche et nous arrivons à dormir lors des quarts de repos. Vers 23 h, le vent a du mal à se stabiliser et notre cap aussi, nous sommes à 62 milles de Cork et à 48 de Waterford. C’est le vent qui choisit pour nous, ce sera Waterford. Samedi 16 juin : de Waterford à Youghal - 52 milles. Nous quittons Waterford et sa marina avant 8 h, à la cloche de bois. Nous descendons la rivière sous le soleil, et c’est nettement plus agréable. Près de l’embouchure, nous croisons un bateau avec un pavillon blanc et rouge, d’après sont port d’attache SWERWSRIN, ou quelque chose comme ça, c’est un polonais. Vers 15 h il nous faut faire une heure de moteur. Nous apercevons des fous de bassan en pêche et derrière eux un aileron non identifié. Après avoir franchi plusieurs caps et péninsules : Mine Head, Ram Head, Black Head, nous prenons un coffre à Youghal dans la Black River. Le temps est à la pluie, il fait frais, ça n’empêche pas tous les gamins du coin de sauter à l’eau du haut du quai avec ou sans shorty. La mer doit être à 14°. Une bonne partie de la nuit, nous entendons des cris, c’est samedi soir. Youghal Dimanche 17 juin : de Youghal à Crosshaven - 35 milles. Nous partons de Youghal sous le soleil et hissons les voiles une demie heure plus tard à la balise Bar Rocks. A partir de Ballycotton Island, nous envoyons le spi jusqu’au-delà de Roche’s Point marquant l’entrée de la rade de Cork. Nous croisons les voiliers irlandais qui quittent les marinas de Crosshaven en début d’après-midi pour croiser dans la baie. Ballycotton Island A la marina du Royal Cork Yacht Club, le plus ancien yacht club du monde, fondé en 1720, nous nous amarrons au bout du ponton ouest. Le dimanche ce n’est pas facile de trouver un interlocuteur dans la marina. Après plusieurs essais et trois intermédiaires, nous avons droit à une superbe grande place pour 3 nuits. L’esprit confiant, nous allons donc nous balader au village et voir de plus près une armada de joyeux pirates sur leurs petits voiliers pavoisés à l’aide de grands pavillons noirs Beamish. Un peu effrayés par la foule, nous choisissons le bar le plus calme pour déguster une petite Smithwick’s, bien venue en Irlande ! En revenant quelle n’est pas notre surprise en voyant Mariavah naviguer avec un bonhomme en rouge à la barre. Il va vers la sortie de la rivière, puis revient, puis repart et je commence à hurler après mon bateau. On est un peu rassurés en voyant un zodiac du port à couple, mais bon, ça fait quand même un choc. Finalement nous récupérons le bateau en bout de ponton. les pirates de Crosshaven Lundi 18 juin : Marina de Crosshaven - 0 mille. Toute la nuit la drisse de grand voile bat la chamade, et la pluie tombe en rythme. Au matin, le Harbour Master, enfin lui, nous indique qu’il faut déplacer le bateau, tiens donc. Toute la matinée, nous voyons une tripotée d’adolescents déplacer les voiliers dans tous les sens, une sorte de beau bordel organisé. Au bout de 2 heures, ils nous ont trouvé une super place (« You will be fine there !), collé à un ponton travers au vent, travers au courant et dans le passage des dériveurs qui s’en vont matin et soir tirer des bords dans la rivière quelque soit le temps, les moins doués cognant dans Mariavah. Par ailleurs, c’est aussi l’emplacement des navettes qui déposent les plaisanciers sur les voiliers amarrés aux bouées : Tout pour plaire ! A part ça les sanitaires sont en travaux si bien que nous avons le droit d’utiliser les douches collectives des adolescents. Encore heureux qu’il y a une douche réservée aux handicapés, et accessoirement aux adultes. Bon restaurant chinois. Quant à l’ambiance dans le plus vieux yacht club du monde, elle est plus que feutrée, réfrigérante. |
Journal d'Irlande - seconde partie
courriel du mercredi 11 juillet - 13 h 07 - objet : 2ème épisode
Bonjour à tous depuis Dingle (voir la carte un peu plus haut), De Crosshaven à Bantry Bay : 195 milles Mardi 19 juin : Crosshaven : 0 milles A force de supplier le bureau du port, je vais avoir le droit à acheter un peu de carburant, du précieux « petrol only for members ». Sinon la journée se passe, entièrement sous la pluie, à rédiger studieusement la première partie du livre de bord que vous avez précédemment reçue. Pendant ce temps-là, les petits irlandais barbotent dans la mer, gîtent sur leur optimist ou leur laser, voire dessalent. J’ai mon apéro du soir avec les voisins français qui m’invitent à diner. Mercredi 21 juin : Crosshaven : 0 milles Il pleut, il vente toute la nuit et toute la journée. Ce matin très tôt j’avais l’impression que quelqu’un balançait des seaux d’eau sur le pont. Comme me dit un anglais de Falmouth qui attend le bus pour Cork avec moi : On se serait cru à Singapour ! Il a plu tellement que l’électricité a sauté et la porte d’accès à la marina est bloquée: Je me cramponne au grillage au-dessus de l’eau pour sortir. Jeudi 21 juin : De Crosshaven à Kinsale : 18 milles De bonne heure ce matin, cela commence par de la belle pluie à moins que ce ne soit des averses. A 9h30, mon voisin revient du bureau du port avec des infos météo indiquant qu’on peut partir : vent de secteur Sud 4 à 6. Ok, c’est bon je décolle péniblement du ponton car dès que je largue les amarres mon bateau veut s’en aller sans moi, l’alimentation en essence du hors-bord saute le moteur s’arrête. Le Harbour Master finit par m’aider. 5 mn avant, j’avais aidé 2 anglais à s’amarrer. Ils sont arrivés vraiment comme des nunuches : un seul pare-battage à poste, pas d’aussières. L’un des deux passe vite une aussière au taquet sur le catway mais comme il n’a même pas fait de nœud, ça ne sert à rien ! Et bien ces deux empotés discutent avec le maître de port et ne font pas mine de m’aider, et d’ailleurs ils ne m’ont même pas dit merci pour mon aide… No comment, ça risquerait d’être violent ! A bas les anglais ! Vendredi 22 juin : De Kinsale à Glandore : 30 milles Que dire de cette navigation, sinon qu’elle se passe sans incident aucun. C’est la journée, où les caps succèdent aux caps : Old Head of Kinsale, Seven Head, Galley Head, etc … Le temps est correct et je vois de nombreux oiseaux de mer : fous de bassan, guillemots, pingouins. L’arrivée à Glandore est superbe, toute en teintes argentées et bien entendu, je me paie une shower carabinée au moment de prendre une bouée dans la rivière. Il y a un peu de courant, le bateau a trop d’erre, je loupe la bouée, une fois, deux fois et je finis par l’attraper avec le moteur hors bord, ça va il n’y a pas de spectateurs pour critiquer la manoeuvre. Il n’y a qu’un seul bateau habité, les autres ayant préféré le mouillage vers glandore, alors que je me suis arrêtée en face de Union Hall, c’est un peu plus loin dans la rivière, plus boisé et plus abrité. Samedi 23 juin : De Glandore à Barloge Creek : ? milles Il fait beau, il fait chaud. Il n’y a pas de vent. Je tente le short et je me déhale à un nœud vers la sortie de Glandore, doublée par de plus grands voiliers au moteur. Leurs équipiers jettent sur moi un regard compatissant. Scotchée à 0 nœud dans la pétole, je mets le moteur et c’est là qu’apparaît une tête hors de l’eau, puis une tête avec un poitrail clair, juste pour la photo : mon premier phoque. Je coupe le moteur et la tête disparaît. Je rallume le moteur et voilà que le phoque réapparait, à croire qu’il est intrigué par le bruit du moteur. Le vent monte doucement et je tire des bords, il n’y a que 10,5 milles jusqu’à Barloge Creek et je vais parcourir 23 milles. A Toe Head je décide de passer entre la Pointe et les Stags car la route est plus courte. Résultat, je me fais un peu brasser et prends quelques vagues dans la figure. Puis il faut prendre un ris et puis manger un peu quand même. Quand je reprends la barre (merci Arthur, le pilote automatique), il me semble que nous avons dépassé Barloge Creek. Qu’importe, j’abats en estimant l’entrée de l’anse au profil de la côte et je vois deux bateaux en sortir. J’aurais eu tort de ne pas m’y arrêter, c’est un vrai écrin de verdure, une merveille ! Je jette l’ancre avec comme un doute, un voilier vient de faire la manœuvre inverse et recueille au moins 5 kg d’algues sur son ancre. Après avoir pris le thé, je gonfle mon AX1 neuve et j’y embarque mon kayak Nautiraid à assembler. Au moins, je fais la conversation avec tous les gens du coin, intrigués par le montage du kayak, qui me prend deux heures de dur labeur. A la fin, un vieux pêcheur qui a une vieille barque goudronnée (le bateau a appartenu à son grand-père) veut absolument me vendre du crabe ou du poisson. Avec le kayak, je pagaye jusqu’aux Rapids mais il n’y a pas moyen de passer dans le Lough Hyne, ce sera pour demain. C’est la première fois que je me sens réellement en vacances, cet endroit est un pur bonheur. Dimanche24 juin : De Barloge Creek à Baltimore : 11 milles Il est quinze heures. Je viens enfin de mouiller mon bateau dans un endroit à Baltimore où j’espère être à l’abri du coup de vent annoncé pour cette nuit. Ce matin j’ai été réveillée en sursaut par un cauchemar : j’avais décidé d’aller au Lough Hyne, il faisait très beau mais arrivée au bord du lac on n’y voyait plus rien dans la nuit et le crachin. Quelque chose a bougé à mes pieds et soudain la chose m’a sauté dessus et s’est agrippée à ma veste de quart : une grenouille. J’étais réveillée juste à temps pour capter la météo à la VHF : un avis de strong gale pour cette nuit, tard dans la nuit. En attendant, il fait un temps super, et je compte bien en profiter. Je débarque à pied pour une promenade vers le Lough Hyne. La végétation est luxuriante. Il y a notamment plein de buissons de fuchsias sauvages. J’utilise ensuite le kayak pour franchir les rapides en donnant quelques vigoureux coups de pagaies car le lac continue à se déverser dans la mer à cette heure-ci. Glisser en silence sur le Lough est vraiment fantastique. Lundi 25 juin : Baltimore : 0 milles Le mouillage que j’ai choisi est certainement l’un des meilleurs du coin. Je suis abritée du vente et du courant. D’ailleurs, l’école de voile évolue dans le fond de la petite baie. En fait la nuit a été calme et le vent n’a véritablement commencé à souffler que vers 11h30. Je profite de mon immobilisation forcée pour faire un peu de lessive et réfléchir à la suite de ma navigation. Et ouis, j’ai emmené tellement de bouquins à lire … Mardi 26 juin : De Baltimore à Glengariff : 60 milles Et bien, aujourd’hui je me suis bien fait brasser. J’en ai eu pour mon compte. La météo annonçait plutôt un vent de Nord-Ouest 4-5. J’ai démarré mollement à l’abri des falaises de Sherkin Island puis de Clear Island, Puis au près plein ouest. Le vent a commencé à monter un peu avant midi, j’ai pris 2 ris d’un coup, attrapé au vol une canette de Coca et une banane pour le déjeuner. La mer était très en désordre : par moment des rouleaux, par moment une surface plate comme si l’on l’avait repassée. Ce sont les remous de Mizen Head qui se réverbèrent au loin, plus un phénomène de vent contre courant. Pourtant je suis très au large et passe pas loin du célèbre Fastnet. Pour le prendre en photo, je me mets à genoux dans le cockpit. Sur la première photo, il n’y a qu’un bout de rocher, la deuxième est floue et sur la troisième l’horizon est de travers, mais ça ça s’arrange ! Je n’y crois pas, après le Fastnet, je dois prendre le troisième et dernier ris. La mer est nettement mieux ordonnée mais elle forcit en même temps que le vent. Je me bagarre un bon moment au pied de mât pour affaler et hisser à nouveau la voile. Le bateau prend des chocs dans les vagues et gîte exagérément. Un énorme coup de chapeau à Arthur qui même dans les chocs garde le près sous solent. Pas possible, je prends de nouvelles rafales et Mariavah est à nouveau sur la tranche, mais qu’est ce que je peux faire ? Je ne peux pas faire de près sous solent seul !!! Au bout d’une demie-heure qui me semble des siècles, le vent mollit très légèrement et le bateau est à nouveau équilibré. Je vois au loin devant moi toute la côte irlandaise jusqu’à je ne sais pas où… Mercredi 28 juin : Glengariff : 0 milles Je me réveille avec du ciel bleu et du soleil, c’est super. Le temps de me laver les cheveux, de ranger un peu le bateau et il pleut… Je suis assez découragée, mais ce n’est qu’une shower. Aujourd’hui, c’est repos et visite de ce merveilleux endroit qu’est Glengariff. Le matin, je prends un billet pour Illnacullen ou Garinish Island pour visiter le jardin italien. Ce voyage de 15mn en ferry dans la baie est vendu au prix exorbitant de 24 €, bande de truands ! Les nuages menacent fortement mais cette balade dans le jardin est magnifique. Je reviens à temps à mon bateau pour me mettre à l’abri de la seconde heavy shower de la journée, après avoir visité le pourtour de la baie jusqu’au minuscule village de Glengariff. L’après-midi, je marche jusqu’à Lady Bantry’s lookout, où la vue est magnifique sur la baie et les montagnes, puis je fais encore deux promenades dans la forêt de Glengariff, forêt de houx et de chênes, de rochers et de bruyères. A l’abri du vent, il fait bien chaud dans les sentiers, pas étonnant que la nature y soit aussi luxuriante. Glengariff est surnommée la Madère irlandaise. Le soir je retrouve mes amis Jean-François et Marie-Joseph sur leur Sunrise Atoka, où je suis invitée à dîner. Anne-Marie et Mariavah à Glengariff Jeudi 29 juin : Glengariff : 0 milles Et bien aujourd’hui, on dirait plutôt une journée rain que showers. Ca ne fait rien ! Je prends le kayak et je vais voir les phoques sur leurs rochers. Ce sont des Common Seals. Il peut y en avoir jusqu’à 200 à Glengariff en période de reproduction. Comme je m’y attendais, ils plongent dès que je suis à 300 mètres d’eux. Le kayak les inquiètent alors qu’ils ne réagissent absolument aux ferries qui viennent tout près d’eux. L’un d’eux me surveille et me suit jusqu’à l’autre bout de la baie. Pendant ce temps-là, il pleut pas beaucoup mais ça finit par tremper et pour prendre des photos, c’est pas terrible. Je rentre au bateau frigorifiée en ayant mal au dos et aux jambes. L’après-midi, la pluie se calme un peu et on voit tous les plaisanciers en même temps dans leur annexe pour profiter de l’accalmie. Avec Jean-François et Marie-Joseph nous visitons Bamboo Gardens, tenu par des Belges, apparemment, puis retour au village, arrêt au pub où nous viendrons manger le soir, malheureusement, il n’y a pas de musique irlandaise, ce soir. Vendredi 30 juin : De Glengariff à Lawrence’s Cove : 20 milles Vers 9 h, je lève l’ancre popur me diriger vers Adricole, d’où j’ai envie de me lancer à l’assaut du Healy Pass, un col dans la montagne vers 450 m d’altitude. Les sommets sont dégagés aujourd’hui. Le vent est mou, il reste pas mal de vagues et je tire des bords pas très efficace pour remonter au vent vers Adricole. Vers 11h30, un petit coup de moteur pour arriver au milieu de ce vaste et superbe mouillage, au pied de la montagne. On voit une immense cascade dégringoler d’une paroi. Mais le plan d’eau est un peu agité, je suis loin du quai pour débarquer, les nuages commencent à arriver, le temps change doucement et la VHF annonce un coup de vent de Sud-Est pour la soirée. Après déjeuner, je choisis de repartir mon me mettre à l’abri dans la marina de Lawrence’s Cove sur Bere Island. Ca me permettra de faire le plein d’eau, de recharger les batteries et de laver du linge. Je me mets à couple d’un bateau anglais Holly avec l’aide du Harbour Master. Peter, mon voisin me propose une tasse de thé et une tranche de Ginger cake. Dan la soirée, il se met à pleuvoir terriblement et la nuit le vent forcit, mais la marina est bien protégée. Samedi 30 juin : Lawrence’s Cove : 0 milles La météo annonce à nouveau une grosse dépression pour ce soir, qui doit passer sur l’ouest de l’Irlande, youpi ! Tout le monde reste au port et dans la journée de nouveaux voiliers viennent se mettre à l’abri. Au programme de la journée : Faire sécher le linge, rédiger tout ceci, tasse de thé à 11h00 avec Peter, rencontre avec deux bretons venant de Binic, balade en début d’après-midi (avant la pluie)… Et puis c’est reparti : pluie, violentes rafales de vent. Petit goûter avec Jean-François et Marie-Joseph, pub avec Peter, Yann et son copain, dîner avec Peter (il cuisine bien), puis un coup de whisky chez les bretons, tout compte fait une journée bien remplie… Dimanche 1er juillet : De Lawrence’s Cove à Lawrence’s Cove : 24 milles Et bien aujourd’hui, j’ai tenté une sortie. D’abord au moteur pour passer entre Bere Island et la côte, puis à la voile sous 2 ris et solent, ce qui est prudent puisque la météo annonce un vent de force 4 à 5. Je prends quelques photos du bateau de Peter, qui lui va vers Glengariff, sous foc seul . Du lundi 2 au vendredi 6 juillet : Lawrence’s Cove : 0 milles Durant ces cinq jours, ce n’est qu’une succession d’avis de grand frais ou de coup de vent. Le baromètre fait du yoyo, monte et descend, parfois à grande vitesse. Tous les jours il y a un small craft warning, annoncé à partir de force 6. Presque tous les jours il y a un gale warning à partir de force 8. Jeudi, le vent atteindra même force 9 pendant quelques heures. Heureusement la marina est extrêmement abritée, il n’y a pas de vagues, mais jeudi les bateaux prendront des coups de gîte dans les rafales. Nous avons bien entendu pluie et averses en abondance, alternant avec un temps très incertain. Impossible d’aller se promener sans se faire tremper.
à gauche, une jour de pluie, à droite Peter et Holly et ci-dessous un phoque. A bientôt et bon vent à tous. Anne-Marie. |
Journal d'Irlande - 3ème partie
courriel du mardi 17 juillet - 13 h 45 - objet : Irlande, 3e épisode
Bonjour a tous, De Lawrence Cove à Cashla Bay : 247 milles Samedi 7 juillet : De Lawrence Cove à Sneem - 40 milles Sneem Ca y est ! Enfin ! Super grand beau temps ! Valentia Après avoir tergiversé dans ma petite tête, j’ai soudain une idée lumineuse : Je suis très en retard pour mon tour d’Irlande, pourquoi ne pas prendre mon temps et explorer la côte Ouest ; C’est ainsi que je mets le cap vers l’intérieur de Kenmare River. Depuis ce matin (j’ai honte) j’ai eu la flemme de changer la voile d’avant, le solent est nettement insuffisant, je me traîne donc à 3 nœuds et quelques. La mer est couverte de macareux. Les pauvres oiseaux m’aperçoivent tardivement, deux options s’offrent à eux : je plonge, façon culbuto, où je m’envole, mon ventre rebondi tape dans les vagues, le tout avant d’avoir palmé énergiquement avec leurs pattes oranges foncés. Parmi ceux qui plongent, certains émergent trop près du bateau : panique à bord ! Dimanche 8 juillet : De Sneem à Dunkerron Harbour - 13 milles
phoque à Sneem et des macareux La nuit aurait été calme dans ce super-cocon qu’est le mouillage de Sneem, Si ce n’est la pluie qui s’est mis à tomber à torrent au milieu de la nuit, et les deux chiens qui se sont mis à aboyer à 5 heures du matin !
Il fait grand soleil et c’est un régal, personne n’est venu réclamer la bouée. A 8h30 je pars en kayak explorer la rivière de Sneem. Le passage est un peu perturbé par de gros zodiacs qui débarquent les passagers d’un petit paquebot de croisière. Kenmare River Une heure et demie après, le vent a baissé et le mouillage s’avère confortable. Je gonfle l’annexe bien décidée à aller jusqu’à Kenmare, et je ne fais même pas attention à la shower qui m’arrose copieusement. A croire que je suis désormais acclimatée. Sur la cale, un monsieur avec deux setters irlandais vient vers moi, l’un d’eux aboie constamment la bave dégouttant de ses babines. Il me propose de m’emmener jusqu’à Kenmare en voiture. Il a une superbe maison, très claire, bien chaude, avec une belle vue sur la baie, ainsi qu’une superbe voiture break Volvo intérieur cuir. Bizarrement, le setter est complètement silencieux dans la voiture. A Kenmare, les deux boutiques qui offrent accès à Internet sont fermées, je rentre à pied en me demandant si je ne me suis pas trompée de route. Le retour en annexe est épique dans les vagues, parfois je n’arrive pas à toucher l’eau avec une des rames. Mais j’ai découvert que le moteur d’annexe est verrouillé avec un cadenas dont je ne trouve pas la clé, il n’y a plus qu’à ramer ! Lundi 9 juillet : De Dunkerron Harbour à Kilmakillogue - 11 milles Vent W 1-4 Temps nuageux avec aversesLa météo de 7h00 n’est pas encourageante : WNW 5-6 puis NW 6-8. Je ne veux pas rester dans ce mouillage qui ne m’offre que la protection très limitée de rochers et d’îles basses. Je pars sans tarder pour profiter du calme de la matinée et décide de faire tout au moteur, tant pis pour le sport et de trouver un mouillage bien abrité soit à Ardgroom, soit à Kilmakilloge. La nuit à Dunkerron a été très calme, quasiment sans vent. Je ne comprends pas grand chose à la météo, l’électrocardiogramme du baromètre va rester parfaitement plat toute la journée à 1017 millibars. Les vagues augmentent de volume au fur et à mesure que je gagne le large et j’arrive en vue de Kilmakillogue au moment où le moteur menace de sortir de l’eau. Je viens juste d’amorcer mon virage vers l’entrée de la baie quand une grosse averse efface le paysage. Ca ne fait rien, l’entrée de la baie est large. Un voilier qui sortait m’a montré le chemin. C’est vrai qu’avec ma manie de naviguer à vue, j’arrive à me poser beaucoup de questions. Kenmare River est vraiment magnifique, avec ses petits mouillages au milieu des bois, et ses montagnes tout autour. Mardi 10 juillet : De Kilmakillogue à Dingle - 56 milles Vent de NW de 0 à 2 Beau temps puis nuageuxC’est la première fois que je relève le mouillage sans remonter des paquets immondes de vase noire et odorante, endroit béni que ce petit mouillage, partagé avec aucun autre yacht. Comme la météo avait annoncé 4-5, j’avais préparé un ris, peine perdue, la journée hésitera entre force 1-2 et pétole, de préférence soufflant juste de l’endroit où je veux aller. Je ferai donc bien pas loin de 5 heures de moteur sur 12h30 à de navigation. Ma route me fait passer à l’aplomb de superbes falaises, dont les bords font parfois penser à la lame tranchante d’un rasoir et offre diverses perspectives sur Ballingskeilligs Bay. Les choses semblent s’accélérer une fois passé Bolus Head, forcément j’ai mis le moteur. Décidément ces caps irlandais à passer, c’est autant de Cap Horn (bon faudrait quand même pas exagérer). Mercredi 11 juillet : Dingle - 0 mille Aujourd’hui, repos et escale technique à Dingle. C’est une ville bien coloriée à la mode irlandaise et touristique. Le maître de port, très sympa, avec un peu la tête de Pat Maloney des Chieftains (mais en mieux), m’explique que le dauphin a élu domicile à Dingle depuis 1983, il s’appelle Fungie, et c’est une vraie vedette. Il a même sa statue sur la place, des vidéos, des tour-opérateurs qui proposent d’aller le voir des plongeurs avec qui il joue, etc…Il y a des potos impressionnantes où on voit l’engin, qui mesure dans les 4mètres sauter par-dessus des gens ou des bateaux. C’est un dauphin bottlenose, je ne sais pas trop à quoi ça correspond en latin. J’achète un magnet de Fungie à l’Office du Tourisme pour le mettre sur mon réchaud à côté du petit cochon Hénaff, une vraie ménagerie, ce bateau ! J’ai expliqué mon problème de cadenas au maître de port, et il emprunte une scie circulaire au club de plongée tenu par un belge et vient couper le cadenas sur le bateau ; Ca fait des étincelles de partout, mais une des pattes inox est tronçonné en une minute, c’est vraiment super ! Bien sûr, durant toute l’après-midi, l’école de voile manœuvre imperturbable sous la pluie. Jeudi 12 juillet : De Dingle à Fenit Harbour - 54 millesVent WSW 1-2. Beau temps, quelques nuages, une averse Le bulletin météo avait prévu un vent W 4-5 puis virant S à SW 3-4. ce n’est pas tout à fait comme cela que ça s’est passé. Je suis partie assez tard de Dingle, le temps de trouver une bouteille de gaz, ce qui n’était pas gagné. Fungie m’a accompagné discrètement dès les premières bouées du chenal et je rigolait dans ma barbe de vieux loup de mer car les chasseurs professionnels de Fungie, le cherchaient en vain à l’autre bout, un vrai farceur, ce Fungie. Vendredi 13 juillet : Fenit Harbour - 0 mille Bruine le matin, pluie l’après-midi, bruine en soirée puis en fin un peu de soleilLa nuit est un peu bruyante, j’ai mal attaché la drisse de grande voile, mais largement compensée par une grasse matinée jusqu’à 8h30 ! Il n’y a qu’un seul autre yacht visiteur, un anglais qui part en fin de matinée sous la pluie. La visite du pays est vite faite, j’ai traversé le bourg sans m’en rendre compte, et puis j’ai vu un panneau centre-ville indiquant l’endroit d’où je venais. Pas de quoi faire le plein d’essence, la station service est à Tralee, 15 kilomètres. Un petit peu de cuisine, un peu de machine à laver, un peu de lecture, une balade jusqu’à l’immense statue de Saint Brendan, qui se dresse à l’entrée du port, pointant son doigt vers la mer. Saint Brendan est un des saints irlandais, Brendan le navigateur. On pense qu’il est allé jusqu’en Amérique, car des écrits parlent des brouillards de Terre-Neuve, il y a aussi des descriptions de l’Islande et sa présence est attestée aux Iles Féroé. Samedi 14 juillet : De Fenit Harbour à Inishmore (Aran Islands) - 59 millesW force 1 à 2. Beau temps Le vent est gentillet ce matin à 6h30 et je quitte le ponton sans encombre. Il n’y a pas un caht dehors. Hier, j’ai vu quelques familles irlandaises arriver à bord de leur bateau pour le weekend mais personne n’est encore levé. Je hisse rapidement les voiles, ouest puis sud-ouest 3-4 ils avaient promis à la météo, et c’est rapidement pétole. La grosse houle d’ouest, parfois démesurée, vu l’absence de vent est là et déséquilibre sans arrêt le bateau. Je n’ai cependant pas les moyens de faire tout au moteur, pauvre petit moteur ! C’est donc quand la vitesse descendra durablement en dessous de 2,5 nœuds que je mettrai le moteur en route. Il me faudra donc 15 heures de navigation pour faire les 5ç milles qui me séparent de la baie de Galway, et plus précisément d’Inishmore. Il n’y a pas guère d’abri possible entre les deux sur cette côte. Avec cette vitesse d’escargot, j’ai le temps de regarder la faune. Comme d’habitude sur l’eau, il y a des macareux et des guillemots. Chez les guillemts, il y a des oiseaux tout jeunes, encadrés par un ou deux parents. J’entends parfois un guillemot crier avec un son de trompette, et j’ai l’impresion que c’est parce qu’il appelle son petit. Dimanche 15 juillet : D’Inishmore à Cashla Bay - 12 millesVent 2 à-4. Ce matin, je visite Inishmore. Cap sur Dun Aonghasa, C’est un fort préhistorique constitué de 4 murailles en arc de cercle le tout au bord ‘une falaise de 87 mètres de haut. Auparavant, je me fait réveiller par les vagues qui ont envahi le port, le vent ayant tourné au Sud-Est et le plan d’eau de Kilronan étant un peu ouvert de ce côté. Ce qui signifie également une traversée en annexe un peu humide. Sur la route, tous les îliens me saluent, ils vont apparement en sens inverse de moi, en bus, ou en carriole à cheval, chercher le touriste au ferry. Tant mieux les ferries ne sont pas aussi matinaux que moi.
copain de Mariavah Castletown Puffin Island Kinsale Dursey Sound Skellings forêt |
Journal d'Irlande
courriel du 21 juillet - 11 h 59 - objet : ?
Bonjour à tous depuis Clifden, Ne faisons pas durer le suspense, j'ai fait demi-tour. Ca m'a pris jeudi matin. J'ai eu pitié de moi et de mon petit bateau. En quittant Inishboffin, j'ai du affronter au près une mer extremement dure et depuis la météo n'arrête pas d'annoncer des vents de secteur nord ou nord-est. J'aurais été condamnée à tirer des bords pendant des jours et des jours. Fungie |
Journal d'Irlande - 4 ème partie
courriel du 28 juillet- 14 h 13 - objet : Irlande, 4ème épisode
De Cashla Bay à à Roundstone : 165 milles Lundi 16 juillet Ce matin, dès le petit-déjeuner, je me prépare psychologiquement à rechercher une station service car je n’ai plus beaucoup d’essence, environ 10 litres, quand une bien grosse pluie arrive. Mais finalement ce n’était qu’une shower. J’arme mon annexe : petit moteur hors-bord (j’ai plus d’1 mille à faire jusqu’au terminal des ferries), jerrycans, nourrice, chariot, tendeur et c’est parti ! Le gardien du parking m’indique qu’il y a bien une station service, un mille tout droit et un mille à gauche, soit en tout deux milles. Je connais le mille nautique, et même le cable, voire le yard et le feet, mais je reste hermétique au mille terrestre. En fait, ça fait environ 5 kilomètres, encore heureux que sur la moitié du parcours, il y a des trottoirs. Je trouve qu’on risque sa vie sur le bas-côté des routes irlandaises ! Après 3 heures d’effort, et après avoir fait culbuté deux fois mes bidons, je reviens au bateau avec 20 litres d’essence. Mardi 17 juillet : Roundstone Roundstone Encore une journée sans naviguer vous allez me dire ! Mais j’ai plusieurs excuses : un small craft warning, (probabilité d’un force 6 de face tant qu’à faire), plus d’argent, plus de crédit sur le téléphone portable, mais par contre un bus à portée de main pour aller à Galway.
Le retour en bateau est un peu cafouilleux : Je balance mes rames à l’eau, heureusement elles tombent sous l’annexe et je n’ai pas besoin de me jeter à l’eau pour les récupérer, je rebalance une rame à l’eau, une fois arrivée sur mon Sangria, et me voilà repartie la récupérer. Moralité j’ai mouillé mon jean du dimanche à l’eau de mer, ce n’était pas prévu, et c’est contrariant ! Mercredi 18 juillet : De Roundstone à Inishboffin : 50 milles La journée a été aquatique, surtout ce matin. Ca a commencé très tôt par une averse (shower) quasi torrentielle, merci l’étanchéité des hublots. Donc du coup difficile de s’extraire du duvet. Puis se posait une question existentielle : Faut-il attendre 8h00 l’ouverture de la boutique pour prendre encore 10 litres d’essence au risque de louper un peu le courant portant vers le nord, ou pas. Je tente la boutique. Comme j’ai rangé l’annexe hier soir, j’y vais en kayak qui lui est stocké sur le pont. Pas évident de stocker mes 2 bidons de 5 litres , mais ça le fait. Sauf qu’en embarquant au retour, le kayak verse et me voilà dans l’eau. Bon, elle n’est pas si froide ; Il me faut quelques minutes (vider le kayak) et me voilà repartie. Pour une fois, les prévisions météo seront exactement ce que j’observe en direction et force du vent. J’emprunte le Deer Passage entre deux îles puis je cherche les fameux cailloux à éviter. Pour une fois j’abuse du GPS, pluie oblige, et puis je ne vois rien jusqu’à ce que j’ai paré le danger. Quand j’approche de Slyne Head, un des méchants caps irlandais, bon sang que la mer est dure ! Mariavah est transformé en sous-marin, mais je ne sais pas trop si c’est à cause de la pluie ou des vagues. Les deux, bien sûr ! Il faut vraiment avoir envie de remonter dans le nord, avec un vent du nord. Ca s’appelle tirer des bords, deux fois la route, trois fois le temps ! Le tout s’améliore une fois passé Slyne Head, et je file vers le nord, jusqu’à ce que le vent tourne un peu. Cela m’oblige à nouveau à tirer des bords pour contourner High Island, que j’ai confondu un temps avec mon but, Inishboffin, impatience oblige ! Et ça recommence, voilà que la mer est dure, formant des rouleaux alors que la force du vent ne le justifie pas. Dès que j’ai contourné cette île Inishboffin s’offre à moi dans toute sa plénitude et je fais cap droit sur le port à la vitesse de 6 nœuds.
Jeudi 19 juillet : De Inishboffin à Little Killary : 31 milles Ce matin, en écoutant la VHF, je n’en crois pas mes oreilles. Ils annoncent du vent de secteur sud sur toute l’Irlande, sauf dans ma zone de navigation. Moi, justement qui veux remonter vers le Nord, mais qui m’en veut ? Le vent annoncé est nord-nord-est. Je longe la côte sud d’Inishboffin, à bonne vitesse et me fait cueillir lorsque je déborde Shark Island par une mer épouvantable. Des vagues hautes, un peu croisées, à géométrie variable, qui me font écarquiller les yeux comme des soucoupes. Pour un vent annoncé de force 3 à 4, la mer est épouvantable. Sans doute il y a la conjugaison de plusieurs facteurs : vent contre-courant, contournement par le courant de l’île, plus la houle de l’Atlantique et un vent qui a changé de direction depuis environ 15 heures. Mariavah tape dans les creux, se fait jeter de côté une ou deux fois par une vague, et par arroser le tout il pleut. Je ne me vois pas aller jusqu’à Blacksod Bay qui est à plus de 30 milles au nord en tirant des bords dans cette mer furieuse. Bon, allez, le sort en est jeté, je ne ferai pas le tour de l’Irlande cette fois-ci. Dire que si je l’avais entrepris en sens contraire … J’ai atteins ma limite de masochisme. En plus cette nuit j’ai fait plusieurs cauchemars qui tournaient autour de : Comment faire pour trouver un transport d’Inishboffin à Dublin pour aller chercher mon équipier, Joël. ; dema,der des jours de congé supplémentaires à mon employeur pour ramener mon bateau resté à Inishboffin … Je tire des bords, enveloppé dans ma veste de quart qui prend l’eau abondamment, jusqu’à parer Inishboffin, et direction le mouillage de rêve Little Killary, dont m’a parlé Peter. Je zappe les instructions nautiques alambiquées pour entrer dans Killary Harbour, la navigation à vue devrait suffire. Par contre, je suis presque à la lettre celles pour entrer dans Little Killary, quand en les relisant je m’aperçois qu’à marée basse tous les cailloux apparaissent. Un peu avant d’arriver j’entends une sonnerie dont j’ai un peu de mal à trouver la source à travers mon bonnet trempé et ma capuche. C’est le sondeur, qui affiche un signal indiquant que la batterie est faible, ce que confirme le pilote lorsque j’essaie de le mettre en route. Ca ne fait rien, on fera sans, d’autant plus que je commence à être bien à l’abri dans la baie. Un pêcheur dans sa barque se met à ramer vers le rivage lorsqu’il voit Mariavah faire des zigzags inquiétants, mais bon le moteur est lancé, le solent affalé et la grande voile aussi, il y a quand même de la place pour manœuvrer. Je mouille dans un paysage magnifique, encastré dans les montagnes, et notamment au pied du sommet du Comté de Mayo, Mweelrea (815 m), avec un côté boisé, et un côté rocailleux parsemé de moutons. Little Killary Vendredi 20 juillet : De Little Killary à Clifden River : 27 milles Samedi 21 juillet : De Clifden River à Roundstone : 27 milles Ce matin, le temps est au beau fixe et j’en profite pour débarquer en kayak et aller à pied jusqu’à Clifden. J’aurais du courant favorable pour descendre dans le Sud puis vers la Baie de Galway qu’à partir de 13h00. Clifden est une ville touristique, la capitale du Connemara. J’en profite pour faire quelques courses, trouver (enfin) du bon pain, prendre un délicieux chocolat chaud et profiter de l’internet café. Je quitte le mouillage en début d’après-midi et hisse les voiles à la sortie de la rivière. Je m’aperçois assez vite qu’un courant non négligeable m’attire vers le sud. Je pare donc le rochers et ne met pas le cap sur Slyne Head, qui va se rapprocher tout naturellement vu mon allure en crabe. Les instructions nautiques annonçaient jusqu’à 2 noeuds de courant au cap, mais il y en a aussi beaucoup dans la baie de Clifden. Slyne Head que j’avais passé dans les vagues à l’aller s’avère inoffensif aujourd’hui même si je me méfie du courant jusqu’à ce que j’ai doublé le cap. En approchant de Roundstone et de ses cailloux je suis doublée par un voilier irlandais de 8 mètres qui ronronne sous spi et me double sans problème. Je suis déjà à 5 nœuds et l’idée de mettre le spi ne m’a pas fait effleurer. J’hésite entre prendre un mouillage dans Bertraghboy Bay mais finalement je reviens au même endroit qu’il y a 5 jours. Aujourd’hui il y avait une régate de vieux gréements et la soirée risque d’être un peu agitée. Dimanche 22 juillet : Roundstone : 0 milles
régates de hookers (à gauche), courses de curraghs (à droite) et musique traditionnelle Lundi 23 juillet : De Roundstone à Inishmore : 24 milles Inishmore - les falaises Départ de bonne heure à 7h40, c’est normal après la journée d’hier ! Un petit vent tranquille me pousse entre les cailloux d’Inner Passage mais une fois arrivée dans le détroit entre les Iles d’Aran et la côte, c’est la pétole. Il me faut 2h30 de moteur pour gagner Kilronan. Le long de la côte d’Inishmore le vent se lève à nouveau et lorsque je vais pour prendre une bouée, il souffle à force 5. C’est au bout de la 5ème tentative que je l’attrape. A chaque fois une rafale déviait Mariavah au moment où j’atteignais la bouée. En fait j’ai fini par foncer dedans à bonne vitesse, si bien que le bateau commence juste à culer au ras de la bouée. Le vent monte encore et je décide de ne pas tenter d’aller à terre dans ces conditions. Le seul yacht visiteur de Kilronan s’en va et je me sens un peu seule. Mardi 24 juillet : Inishmore (Kilronan) : 0 milles Inishmore - le port Finalement la nuit a été très calme. Il fait beau, le plan d’eau est lisse, l’idéal pour débarquer en kayak. Je me méfie néanmoins car la météo a annoncé un renforcement du vent dans la journée. C’est du côté sud de l’île que je vais me promener, empruntant des sentiers rocailleux qui montent vers le bord de la falaise, car l’île est inclinée jusqu’à basculer dans le vide vers le large, avec une grande falaise calcaire impressionnante. Le paysage est caillouteux et la verdure limitée, de grandes plaques de roche apparaissent dans les champs. Après plusieurs errements, je finis par trouver le chemin menant à Dun Duchatair, le fort noir. C’est une grande enceinte circulaire, haute et épaisse à sa base de 6 m. Comme le sentier , plein de cailloux, est assez pénible et mène à une vue vertigineuse sur les falaises, la plupart des touristes s’arrêtent là. Il faut marcher un peu le long de la côte jusqu’au fort, à travers les murest de pierre et les dalles de roches. On pénètre dans le fort par une étroite corniche entre la muraille et le vide, car le fort ferme l’accès à un éperon rocheux qui s’avance dans la mer. Le retour en kayak est un peu plus risqué, d’autant que je n’ai pas réussi (ou n’est pas eu la patience) d’assujettir correctement la jupe au kayak. Fort heureusement, le kayak passe très bien dans les vaguelettes et je n’embarque pas d’eau. Deux voiliers arrivent entre temps, un français (First 53) et deux anglais. Je les regarde manœuvrer pour prendre leur bouée, et non ce n’est pas facile. Un couple d’anglais fait bien une dizaine de tentatives. Leur équipage débarque alors que le temps commence à se gâter : pluie et vent. Mercredi 25 et jeudi 26 juillet : Inishmore (Kilronan) : 0 milles Kilronan Le vent s’est bien calmé dans la nuit alors que dans la soirée, le bateau dansait sur les vagues. Mais assez vite dans la matinée, le vent monte à nouveau .J’entends des cris vers 9h00 et je vois un des bateaux anglais qui dérive vers la jetée, avec apparemment personne à la barre. Je trompette avec ma corne de brume et vois le skipper en slip sortir pour reprendre le contrôle de son bateau. Il était temps. Voilà ce que c’est de faire la grasse matinée. Le yacht revient et là encore une fois, dur, dur la prise de bouée ! Comme c’est en fait leur amarre qui a cassé, j’en profite pour regarder l’état de mes amarres et je fais bien, l’aussière principale est à moitié sciée. Je la remplace avec une plus grosse en faisant un tour mort sur l’anneau de la bouée. L’état de la mer et les rafales de vent ne permettent pas de débarquer dans des conditions de bonne sécurité, mais pour passer le temps, il y a du spectacle dans le port. Des voiliers arrivent : un français qui manœuvre sous grand voile seule sans moteur, un belge en solitaire qui a l’air assez agité, puis un catamaran français. Le canot de sauvetage de l’île part et revient peu après avec l’annexe du bateau belge.
Le lendemain, c’est à peu près le même temps avec un peu plus de soleil et tout le monde reste à bord de son voilier. Je dévore deux livres en deux jours et en commence un troisième. C’est bien, mais ça manquent de mouvement tout ça. Vendredi 27 juillet : D’Inishmore (Kilronan) à Cashla Bay : 13 milles Ile me faut trois petites heures pour rejoindre Cashla Bay, d’où demain j’irai chercher mon équipier, Joël, à Galway. Et bien sûr, je me prends une bonne douche en arrivant près du mouillage. Sous la pluie, la bouée est récupérée du premier coup. Je découvre une station service et un garage à 200 mètres du quai. Dire qu’au même endroit, il y a plus d’une semaine, j’ai fait 3 heures d’effort pour avoir de l’essence, en prenant une mauvaise direction. L’escale est technique : Chargement des deux batteries par le garage, lessive, rangement du kayak, reconnaissance vers le village le plus proche, Carraroe. |
Journal d'Irlande - 5 ème partie
courriel du 10 août - 13 h 33 - objet : Irlande, épisode 5
Bonjour a tous, De Cashla Bay à Lawrence’s Cove :266 milles Dimanche 29 juillet : De Cashla Bay à Inishmore : 9 milles Petite traversée essentiellement au moteur, faute de vent, et par grand beau temps. Cela nous laisse tout l’après-midi pour nous promener en vélo sur Inishmore. Comme c’est dimanche, il y a pas mal de touristes sur la route. Nous allons jusqu’à la pointe sud de l’île, vers le petit port de Killeany et ses drôles de tourelles en pierre. C’est un petit port de pêche à échouage où viennent hiverner les bateaux. Au bout de l’île, il y a une grande plage déserte, à l’exception d’une personne et d’un petit troupeau de vaches. Puis, contre le vent qui s’est bien levé dans l’après-midi nous pédalons jusqu’au fort de Dun Aonghasa. Au retour un petit arrêt au pub où dans le Beer Garden des musiciens s’exercent plus qu’ils ne jouent pour leur public affalé dans l’herbe. Lundi 30 juillet : D’Inishmore à Fenit Harbour : 52 milles Nous partons de bonne heure, 6h30, parce qu’il y a de la route jusqu’au prochain port et pas beaucoup de vent. Dès la sortie du Gregory Sound, une troupe de dauphins nous accompagne. A l’intérieur du bateau, dans la cabine avant, je les entend siffler. Ils discutent entre eux un bon moment sous l’étrave de Mariavah. Quelque heures plus tard, une autre troupe de dauphins nous escorte, et encore une autre avant Loop Head et l’embouchure du Shannon. Ou est ce les mêmes ? Difficile à dire, les plus grands on des cicatrices sur le dos, des stries, les plus jeunes font preuve de fantaisie en croisant la route des autres au ras de leur bec. Un dauphin a dû donner un coup de queue à un de ses partenaires et l’autre essaie de le mordre en représaille. Le vent n’étant pas stable, il faut alterner voile et moteur et nous arrivons tard à Fenit Harbour, en traversant l’embouchure du Shannon, bien dégagée qui laisse voir loin dans le fleuve. A l’arrivée, je salue le maître de port de l’après-midi avec qui j’avais écouté la météo quelques semaines auparavant.Il nous indique une place nickel où nous passerons une nuit calme. Mardi 31 juillet : De Fenit Harbour à Smerwick Harbour : 43 milles Comme il fait beau, peu de vent, bonne visibilité, pas de vagues, nous décidons de couper au plus court par Maglaree Sound, entre la pointe et un groupe d’îles. Dans l’angle où nous présentons le paysage est trompeur, car au lieu de voir six îles comme dans les Instructions Nautiques, on n’en voit que deux puis trois, elles sont toutes les uns derrière les autres. Mais tout rentre dans l’ordre au fur et à mesure que nous progressons dans le Sound, assez large dans sa partie sud. Il nous faut tirer des bords, au début avec peu de vent, puis le vent tourne et se renforce. Une vedette militaire déjà croisée lorsque nous sortions du port, nous double pour aller se cacher ensuite sous la falaise. Mercredi 1er août : De Smerwick Harbour à Dingle : 23 milles Nous quittons le mouillage vers 8h00 (on se demande si c’est bien des vacances !), mais là encore il ya un impératif horaire, franchir le Blasket Sound avec un courant favorable, avant la renverse. Ce sera fait dans les temps ! Mais la bruine s’y met, et nous n’apercevons que de petits morceaux de falaises, d’les et de côtes^, tout en tirant des bords dans le détroit. A la sortie nous passons près de Slea Head et voyons des voitures sur la route très spectaculaire qui fait le tour de la péninsule de Dingle. Des gens descendent de voiture et nous regardent. Les pauvres, ils ne peuvent pas voir grand chose d’autre, ni les Blasket, ni la baie de Dingle, ni le sommet des montagnes. A 4 nœuds, nous longeons toutes ses falaises sud, passons devant la large entrée de Ventry Harbour et arrivons à Dingle où, bien sûr, l’inévitable Fungie nous accueille et nous accompagne dans le chenal à sa manière discrète de dauphin super géant. Nous passons la soirée au pub, où un guitariste nous fait un concert bien animé. C’est un irlandais qui vit aux Etats Unis en Louisiane, et il y a justement dans le pub plein d’américains dont une partie de cet état. New Orleans était le deuxième port d’immigration des Irlandais aux Etats-Unis. Ceci explique pourquoi tous ces Américains du sud connaissent par cœur les chansons. Il y a une sacrée ambiance et un chanteur de Dublin est aussi mis à contribution. Les plaisanteries fusent, on ne comprend pas tout. Le guitariste-chanteur-animateur nous rappelle les paroles pour que tout le public puisse chanter avec lui. Puis c’est l’hymne national, tout le monde debout dans le pub, à minuit pour la fermeture et la fin du récital. Jeudi 2 août : De Dingle à Cahersiveen : 24 milles NuageuxLe bulletin météo annonçant un gale warning, avis de coup de vent, pour vendredi nous décidons cet après-midi bde ne pas explorer Ventry Harbour, juste à côté de Dingle mais de nous rendre de l’autre côté de la baie, à Cahersiveen, dans la rivière qui se trouve à l’est de l’Ile de Valentia. Il y a là une nouvelle marina bien abritée, près d’une ville animée, l’endroit idéal pour attendre des conditions de navigation plus favorables. Dans le chenal du port, nous voyons 5 bateaux remplis de touristes en train de pourchasser Fungie, qui se fait de plus en plus furtif. Alors que nous continuons notre route vers la sortie, l’énorme dos gris du dauphin apparaît juste contre la coque de Mariavah. Après un petit moment d’errement les 5 bateaux convergent vers nous jusqu’à coincer le dauphin entre nous et eux. Fungie disparaît alors et nous apercevons au loin sa nageoire à l’autre bout du chenal, les bateaux aussitôt de faire demi-tour. Créons dès maintenant un comité de soutien à Fungie, pour le protéger du harcélement dont il est l’objet ! Il nous faut tirer des bords pour rejoindre les falaises sud de la baie de Dingle et le bateau avance entre 3 et 5 nœuds, tranquillement sous le soleil. Peu à peu le ciel blanchit d’alto-cumulus annonciateurs du changement de temps. Le vent semble adonner au ras des falaises noires et nous allons jusqu’à l’entrée de petites échancrures de la côte, Coonanna et Cooncrome Harbours. Vendredi 3 et samedi 4 août : Cahersiveen : 0 milles Le bulletin météo affirme sa menace et prévoit du vent de force 7 à 8 pour la 2ème partie de la journée et malheureusement pour nous un vent de sud alors que nous voulons bien sûr descendre vers le sud. Etant coincés au port pour vraisemblablement deux jours, je fais part à mon équipier Joël de mes craintes quand au mauvais réglage du gréement, peut-être un peu trop mou. Il s’aperçoit qu’un ridoir est complétement grippé, le filetage est en mauvais état. Nous voici donc partis à la recherche des bricoleurs de Cahersiveen et nous faisons la tournée des garages. D’abord un réparateur de matériel de jardin, qui n’a pas le matériel adéquat, puis un garage qui a toute la collection de tarauds, sauf celui du bon diamètre, manquant dans la boite et enfin un 3ème garage quia ce qu’il nous faut. Joël fait lui-même l’intervention et le garagiste ne veut pas être payé. Le ridoir fonctionne comme un neuf et Joël règle la tension des haubans. Quant à moi, je navigue mais je ne sais pas bricoler… Dimanche 5 août : De Cahersiveen à Derrynane : 29 milles Nous partons le matin vers 10 heures avec l’étale de haute mer, car il y a beaucoup de courant dans la rivière. Miraculeusement la pluie qui n’a cessé de tomber depuis hier après-midi s’arrête vers 8h00. Nous empruntons la passe au nord de Beginish Island. La houle entre dans la passe d’autant plus que les fonds remontent de 40 mètres à une dizaine de mètres. Le vent n’est pas assez fort pour tenir les voiles dans les vagues, et nous naviguons au moteur. La houle, qui est quelquefois croisée rend nauséeux lorsqu’on est à l’intérieur du bateau. En doublant la pointe nord-ouest de Valentia, nous voyons les vagues venir du Nord-Ouest, puis repasser ensuite dans l’autre sens sous la coque, sans doute à cause d’une réverbération dans la falaise. Nous mettons sous voiles et le vent monte tout doucement. La houle attend environ deux mètres à hauteur des îles Blasket et le paysage apparaît et s’efface au rythme des collines d’eau.
Derrynane : la plage et les rochers Lundi 6 août : De Derrynane à Sneem : 17 milles Le matin, un peu de tourisme, avec une balade aux environs de Derrynane et la visite de la maison de Daniel O’Connell, le libérateur. Derrirèe la plage de notre mouillage, il y a une autre plage de sable, bordée de dunes bien préservées et aménagées. Un peu plus loin, la plage est parsemée de gros rochers et encore plus loin gière recommandée pour la baignade à cause des rouleaux et des courants entraînant vers le large. Il y a ensuite un estuaire avec une petite rivière où la mer monte au milieu des bancs de sable. Daniel O’Connell avait été élu au Parlement irlandais au début du 19e siècle mais n’avait pas pu y sièger étant catholique. Lui et ses partisans on fait voter l’acte d’émancipation rétablissant les catholiques dans certains de leurs droits. Mardi 7 août : De Sneem à Glengariff : 50 milles Nous partons du mouillage de Sneem juste après une escadre de cinq bateaux français qui étaient hier tout pavoisés. Le vent vient à manquer avant de revenir ensuite au portant. Les voiles ont du mal à rester en place dans les vagues puis le vent monte un peu lorsque nous arrivons en vue des falaises noires qui entourent le Dursey Sound. La houle devenant plus forte et le vent plus faible, il nous faut mettre le moteur. La mer est hachée à l’entrée du Sound et toutes les vagues ont une forme pointue. C’est d’autant plus impressionnant que l’entrée nord du Dorsey Sound est étroite, environ 300 mètres et plus loin, là où le détroit fait un coude, la mer apparaît bleue et plate comme un miroir. C’est comme si par ce couloir rocheux on passait d’un monde à l’autre, nuageux, noir et agité, à bleu, calme et ensoleillé. A nouveau sous voiles nous longeons la côte à 4 noeuds, sous les falaises, Black Ball Head, puis Bere Island. Nous arrivons à Glengariff un peu avant 8 heures du soir, non sans avoir vu des phoques sur les rochers près des îles. Plus tard dans la soirée, d’eux d’entre eux viennent prudemment nous regarder. Mercredi 8 août : Glengariff : 0 milles La journée commence par une chasse photographique au phoque. En annexe, nous approchons doucement à la rame du premier rocher où paressent quelques phoques. Quelques uns plongent, les autres hésitent, et nous voilà désormais suivis par de petites têtes rondes à grosses moustaches. Nous passons entre Illnacullen et les deux autres ilots et avons la chance de voir de près deux phoques adultes et deux petits qui bien qu’assez inquiets vont rester sur leur rocher, alors que nous dérivons centimètre par centimètre à côté d’eux. Un gros phoque nous suit en respirant bruyamment et fait de gros ploufs en plongeant, manœuvres d’intimidation. Joel emmène une batterie au garage pour recharge, elle était tombée très bas en tension. Puis l’après-midi, nous allons faire une balade en forêt, quelques courses dans l’épicerie, très mal fournie de Glengariff. Puis le soir dîner au pub pour changer et concert dans un autre pub. Il y a cinq musiciens, essentiellement des guitaristes, dont une joueuse de vielle, auxquels se joignent d’autres artistes dans le public : une chanteuse, un super flutiste et une autre jeune guitariste. Les musiciens sont bien rôdés et nous avons droit à une chanson française, Plaisir d’amour. C’est très sympathique. Jeudi 9 août : De Glengariff à Lawrence’s Cove : 20 milles La météo annonce un small craft warning pour notre zone de navigation, force 6 de secteur Sud-Ouest en début d’après-midi, alors qu’il pleut, pleut et pleut… Le projet d’aller à Crookhaven ne tient plus car il faut passer le méchant cap de Mizen Head en tirant des bords, avec le vent annoncé ce n’est guère réaliste. Nous décidons d’aller à Lawrence’s Cove, la marina où je suis resté coincée une semaine en juin. Une bonne douche ne sera pas du luxe.
Nous partons sous la pluie alors que les phoques sont tout trempés sur leur rocher, quand soudain, nous voyons un aileron près du bateau, puis deux autres. Ce sont de grands dauphins qui sont entrés dans la baie de Glengariff. Ils viennent nous voir puis s’enfoncent dans la baie. Sous cette pluie battante, tantôt fine, tantôt plus drue, on ne voit du paysage que des ombres et encore. Le vent forcit nous obligeant à prendre un deuxième ris. Il y a un peu de cafouillage dans la méthode et au bout de quelques dizaines de minutes, le ris est pris, bien souqué à plat. La pluie redouble de vigueur tandis que le ciel s’éclaircit vers l’ouest et que les falaises de l’autre côté de la baie apparaissent sous forme de grosse masse sombre sur l’eau, comme un gigantesque nuage d’orage. Puis, avec la pluie cesse le vent, et la houle reste. Moteur donc pour rejoindre la marina de Lawrence’s Cove. Il semble que le bulletin météo était un peu inexact, car cet après-midi il fait beau et la brise est légère. Ca ne fait rien un peu de confort avant la traversée pour les Scilly ne fait pas de mal. La propriétaire de la marina nous accueille gentiment en me demandant quelle navigation j’ai fait depuis le mois de juin. |
Journal d'Irlande - 6ème partie
courriel du 30 août - 14 h 10 - objet : le journal de bord du dernier épisode irlandais
Bonjour à tous, De Lawrence’s Cove à Tréguier : 353 milles Vendredi 10 au dimanche 12 août : De Lawrence’s Cove à Saint Mary (Scilly) : 196 milles En quittant la douillette marina de Lawrence’s Cove, il n’y a pas de vent mais un ciel bien plombé. Nous allons à Castletown Berehaven, faire de l’avitaillement, nourriture, essence.. Le port est sale et la mer fleure bon le poisson et le fuel, c’est un port de pêche dans toute sa splendeur. Et puis il pleut et ça mérite de faire les courses en ciré !. Au café internet, nous consultons la météo qui annonce un vent de sud-ouest de force 4, ce qui devrait nous permettre de naviguer au travers jusqu’aux Iles Scilly. Nous partons dans l’après-midi et la pluie persiste et l’absence de vent nous oblige à faire route au moteur. Dès le départ, Joël et moi prenons le rythme de la traversée au large : 3 heures chacun, à tour de rôle. Dimanche 12 au mardi 14 août : De Saint Mary (Scilly) à Tréguier : 156 milles Le bulletin météo est le suivant : vent W 3 à 5 virant S lundi après-midi, avis de coup de vent pour mardi et mercredi force 7 à 9. Il faut donc partir maintenant, traverser la Manche, puis longer ensuite la côte jusqu’à Tréguier, et arriver avant que le temps ne se gâte. Nous partons vers 17h30, heure locale, et faisons un cap au 120 puis au 150, car il n’est pas possible de faire tenir les voiles au grand largue, à cause des vagues. Ce cap nous amène tout juste entre Ouessant et la côte. Si la bascule de vent annoncée se produit bien, elle devrait ensuite nous remettre sur notre route. La nuit est sombre mais la visibilité excellente. Nous commençons par traverser les rails qui longent l’Angleterre. Il y a quelques cargos mais en quantité assez limité. Dans le milieu de la nuit, on voit à la fois les phares anglais et les phares français, notamment les deux phares d’atterrissage qui encadrent l’entrée de la Manche, le Creac’h à Ouessant et Lizard Point, qui ont respectivement une portée de 34 et 25 milles : Impossible de louper l’entrée de la Manche. |
Journal d'Irlande - fin
courriel du 16 août - 11 h 36 - objet : Irlande, le retour
Bonjour à tous, Voilà, mon périple de 1.834 milles s'est terminé mardi 14 août à 2 heures du matin par l'arrivée à Tréguier. Le retour s'est fait en deux étapes seulement, avec juste quelques heures de pause aux Scilly, pour cause de météo fort menaçante. Je vous enverrai dans les prochains jours le dernier journal de bord avec quelques photos. |